Kamikaze Club (1968) de Kinji Fukasaku connu également sous le titre : Blackmail is my business est l’oeuvre qui caractérisera son auteur. Une œuvre importante parce qu’elle montre ce qu’est Fukasaku pour le cinéma nippon, ce qu’il représente pour un certain cinéma de genre et surtout ce qu’il représentera dans les années 70.
Œuvre visuellement audacieuse à travers laquelle Kinji Fukasaku développe l’étendue de son art de faiseur de cinéma. Kamikaze Club s’explique déjà par une fraîcheur enivrante où Fukasaku y distille des arrêts sur image, des flash-back, des changements de couleur où l’on passe du noir et blanc au sépia pour revenir à la couleur sous une musique pop psychédélique et ses téléobjectifs.
L’œuvre est virulente, elle a un goût de nihilisme avec ses nombreux zooms, ses travellings venus d’ailleurs, un montage cut lequel s’avère incroyablement haletant et un cadrage nerveux. L’ensemble a du peps comme son personnage principal qui s’exprime en voix off, insouciant, comme ses trois acolytes qui le suivent dans ses pérégrinations délinquantes. Tous les quatre forment le club des kamikazes, kamikaze parce qu’ils n’ont rien à perdre dans une société où ils se sentent de plus en plus marginalisés.
Kinji Fukasaku signe avec Blackmail is my business un drame où se mélange deux genres : policier et thriller politique. Film révolté qui dénonce les accointances des hommes politiques avec les yakuzas, film au vitriol sur cette nouvelle société japonaise des années soixante en plein boom économique qui exacerbe la rage de Muraki, ancien barman et laveur de chiottes, reconverti en chef de bande, épaulé par « Chasseur Zéro » (ancien boxeur), Seki (ancien yakuza) et Otoki (ancienne délinquante). Tous les quatre s’adonnent aux affaires de chantage sur les autres gangs ou des businessmen. Dans l’euphorie et faisant preuve d’une audace sans nom, ils ne s’arrêtent devant rien et personne et s’attaquent à de plus grosses affaires, toujours plus risquées jusqu’à ce qu’ils tombent sur plus fort qu’eux.
Kamikaze Club est un film majeur de Kinji Fukasaku, un film annonciateur du style qui l’imposera comme maître. Un souffle nouveau qu’apprécieront les amateurs du cinéma japonais, à l’image du thème musical du Vagabond de Tokyo (1966) de Seijun Suzuki siffloté à plusieurs reprises par l’héroïne.
I.D.
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