mardi 27 janvier 2009

The Host (Gwoemul) : Le combat d'une famille

mardi 27 janvier 2009

Le cinéma sud-coréen comme le cinéma asiatique dans son ensemble l’a démontré plus d’une fois dans son histoire (cinématographique) et pourrait se définir par un leitmotiv : oser faire les choses différemment. Et c’est ce que réalise Bong Joon-ho avec son troisième long : The Host (2006). Faire les choses différemment c’est ce qu’il entreprend lorsqu’il raconte une histoire, celle d’un monstre, mais avant tout celle d’une famille et de leur combat dont l’enfant a été enlevé par ce même monstre issu d’une mutation génétique.

The Host est un melting-pot de genre : dramatique, comique, fantastique et j’en passe, Bong Joon-ho ne s’enferme pas dans un genre mais en exploite plusieurs dans un seul but : apporter un plus à l’œuvre. Et le cinéaste talentueux qu’il est, parvient à ses fins en contant comment à Séoul une bête voit le jour à cause de la pollution au formaldéhyde des eaux du fleuve Han.

Un monstre issu donc de mutation génétique, un monstre donc qui apparaît au grand jour pour se… nourrir. La panique envahit la foule stationnée aux abords du fleuve, également présent la famille Park qui tient un snack : le grand-père, Hee-bong, son fils aîné, Gang-du et sa fille de treize ans, Hyun-seo. Hyun-seo se fera enlever par la créature. La famille Park partira à sa recherche en s’adjoignant Nam-joo, la sœur, professionnelle du tir à l’arc et du cadet, Nam-il, diplômé au chômage alors même que l’hystérie s’empare des coréens.

The Host s’inscrit dans la lignée des films à grand spectacle loin de ce qui a pu se faire en occident et notamment aux Etats-Unis, et en conséquence un film à grand spectacle différent. De l’histoire – et le souhait du cinéaste de montrer la créature dès les premières minutes du film – à la description des personnages loin, très loin du patriotisme états-unien incarné, loin, très loin de posséder la carrure du héro type. Si l’on oppose ces deux cinémas c’est également pour expliquer tout l’aspect socioculturel qu’il existe entre eux. On sait que le cinéma hollywoodien est LE cinéma qui s’impose dans le monde, créant les codes, les caricatures, la façon de faire,… et nombre de box office par de-là le monde (malheureusement) sont assujettis à ses productions. En deçà, le cinéma sud-coréen fait figure de village d’irréductible gaulois dans l’empire internationale américain. Il y a eu l’histoire des quotas coréens que l’industrie cinématographique américaine a fait plier, il y a aussi la présence américaine via des bases militaires qui ont fait parler d’elle notamment avec des faits divers tragiques. Et dans tout ça, Bong Joon-ho réalise The Host. En terme de réalisation, il montre tout son savoir-faire en la matière et montre qu’il n’a rien à envier aux autres.

La critique de The Host se fait acerbe tout en en mettant plein les yeux. Le monstre sous-marin se fait alors l’écho d’une métaphore, celle de la présence néfaste américaine ne créant rien de bon. Ainsi, les autorités américaines après l’arrivée de la bête décident de prendre les choses en main prétextant l’inefficacité des autorités sud-coréennes, bête qui a vu le jour par leur faute. Á cela, la solution est la mise en place de l’agent jaune dont l’appellation ressemble au défoliant cancérigène et tératogène utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam, l’agent orange. Il est marrant de voir que l’appareil chargé de déverser cet « agent jaune » est suspendu à l’un des ponts de la rivière Han et tient la même pose que la créature au début du film. La critique aussi c’est de voir que l’un des militaires américain filme les conséquences de l’inhalation de l’agent jaune (expériences militaires) et que les autorités américaines mentent sur un quelconque virus qui proviendrait de la bête.

Bong Joon-ho délivre alors au travers de The Host un pamphlet anti-américain comme un ras le bol d’une présence hégémonique qui n’a plus sa place en ce début de nouveau millénaire. Il va à l’encontre des codes cinématographiques américains et innove. Film multi-genre : de monstre, social, humoristique, dramatique,… voilà l’audace d’un cinéma qui fait les choses différemment en faisant passer différentes émotions aux spectateurs : rires, peurs, tristesse,... The Host pose également le problème de la pollution et de ce fait interpelle en portant un message écologiste sur les dérives et les conséquences de nos actes.

Bong Joon-ho parvient à nous toucher avec cette histoire qui semblait aux premiers abords farfelue. Un film original où l’on ne s’ennuie pas une seconde tant il est distrayant. L’interprétation des acteurs est superbe, tout comme l’est la réalisation et la musique. Tout y est pour passer un merveilleux moment de cinéma.

I.D.

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