Passé par de nombreux festival (Une Certain Regard à Cannes 2008, Pusan International Film Festival 2008 ou encore Osaka Asian Film Festival 2009) Parking / Tíngchē (2008) de Chung Mong-Hong est une comédie noire qui nous plonge au cœur de Taipei, le jour de la fête des mères.
Scénariste et réalisateur de Parking, Chung Mong-Hong inscrit son récit dans un genre quasi-fantastique. L’atmosphère étrange qui s’en dégage nous donne le sentiment d’être dans une autre dimension, entre rêve (ou cauchemar ?) et réalité. Le temps semble s’être arrêté. On y voit un Taipei vide de tout habitant si ce n’est les quelques âmes qui parcourent ce métrage. Tout dans la forme pourrait qualifier Parking de film d’auteur. Une ambiance particulière, une mise en scène qui se pose énormément et jouant avec les temps forts et temps morts ainsi qu’une esthétisation à outrance. Dans le fond le cinéaste taiwanais dépeint un tableau sombre. Ce tableau obscur apostrophe les bons et mauvais côtés de l’âme humaine.
Dans Parking, le personnage interprété par Chang Chen (Three Times, 2004) semble constamment retenu par une main invisible qui l’empêche d’aller à ses occupations. Cet état de fait lui permet de faire plusieurs rencontres qui auront toutes une incidence sur les évènements à venir mais également sur la vision des choses qui l’(nous) entourent. Tout est affaire de cause à effet dans ce long-métrage qui se permet de nette évasion par le biais de plusieurs flash-back. Ils nous permettent de dessiner le caractère de Chen Mo ainsi que la relation entretenue avec sa petite amie. On y découvre alors une tension palpable qui accroît celle qu’il vit au moment présent.
Parking au-delà de sa réussite visuelle, c’est une histoire simple mais qui gagne en intérêt parce qu’elle baigne dans une ambiance insolite. On ne sait jamais par avance ce qu’il va se produire. Chen Mo se lance sans le savoir dans un road-movie nocturne rocambolesque, parfois absurde. On parvient à être captivé par cette histoire aux faux rythmes voulus pour ponctuer l’aspect décalé de l’œuvre. On retiendra également un casting qui répond présent. Du barbier manchot tenu par Jack Kao, un habitué des films de Hou Hsiao Hsien au proxénète dont Leon Dai (réalisateur de Je ne peux pas vivre sans toi, 2009) prête ses traits.
Parking annonce un cinéaste de talent qui parvient aussi bien à maîtriser l’aspect technique que narratif. Chung Mong-Hong signe une œuvre atypique qui se dénote des productions locales. Il offre un regard propre et original en offrant un sujet de réflexion qui se dessine en toute fin de métrage.
Il est à noter que trois dialectes chinois sont parlés dans le film : le Mandarin, le Hokkien ainsi que le Cantonais.
I.D.
Ce long-métrage est à découvrir dans le DVD édité par Spectrums Films dans lequel figure la BA, le making of, une galerie de photos ainsi que le court-métrage Summer Afternoon.
3 commentaires:
Intéressant tout cela. Tout à fait dans mes cordes (plus que certains obscurs cat III, j'avoue). Faudra que je me le mate... quand j'en aurai fini avec les 4 films jap' prévus à mon programme perso.
Oui un film à voir c'est certain. Et puis ce n'est pas toujours qu'on a l'occasion de voir des œuvres cinématographiques qui nous viennent de Taïwan qui plus est de qualité. Tiens, ça me fait penser qu'on a l'avis concernant son court "Summer Afternoon" a publier.
je me souviens de l'avoir vu en salles celui-là, c'était pas mal en effet.
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