vendredi 9 juillet 2010

La Rivière Tumen : Á la frontière [Festival Paris Cinéma]

vendredi 9 juillet 2010

Habitué du Festival Paris Cinéma, Zhang Lu présente La Rivière Tumen / Dooman River (2009), une co-production française et sud-coréenne. Il met en scène un drame qu’on pourrait résumer par : « La mise en scène minimaliste et cristalline, les cadrages mélancoliques, les images poétiques, le silence glacial, l’absence de musique et l’usage bouleversant du hors-champ… » (Magazine Festival Paris Cinéma 2010).

La Rivière Tumen est une frontière naturelle entre la Chine et la Corée du Nord. Nous suivons le quotidien de villageois chinois dans un petit village à la frontière dont en particulier Chang-ho, douze ans et sa sœur muette Soon-hee. Ces derniers doivent vivre avec des clandestins nord-coréens qui fuient la misère et la faim. Bientôt un conflit s’installe entre la population locale et ces « réfugiés »…

Sur la forme, La Rivière Tumen n’a rien de singulier tant on a l’impression d’avoir vu ce « genre » de film maintes fois. Il est à l’image de ce qui se fait depuis quelques années maintenant dans le cinéma indépendant chinois. Les guillemets cités plus haut résume parfaitement l’esthétique de ce film qui avouons-le ne surprend plus vraiment de nos jours, du moins pour tout initié à ce cinéma. Si l’on apprécie ces œuvres qui ont en elles la caractéristique d’être contemplative, on pourra aisément s’immerger dans celle-ci. Quant aux autres, ils se perdront sans doute dans un ennui provenant de scènes statiques qui tirent en longueur.

Là, où La Rivière Tumen s’avère intéressant, c’est pour son sujet ; le propos que Zhang Lu traite. Là, réside véritablement l’intérêt de ce long métrage. Prendre le pouls d’une région, d’un lieu particulier pour tout ce qu’il peut évoquer politiquement parlant. Une frontière, ici d’eau glacée qui sépare la Chine et la Corée du Nord, des clandestins qui fuient une situation plus que précaire pour traverser (ou s’arrêter dans) un village où la population survit également, dans une moindre mesure. Le rapport entre ces villageois chinois et ces clandestins nord-coréens passionnent. La Rivière Tumen parvient à concilier fiction et réalité. A incorporer donc, cette réalité dans un fictif en rendant le sujet des plus captivants à travers le rapport entre des individus de deux mondes, une langue singulière mêlant un chinois teinté de coréen. Elle révèle également l’état d’une région, d’une ethnie qui constitue une partie de la République Populaire de Chine. Un contexte qui permet de raconter une histoire, des histoires sur une situation qui se joue, montrant avec véracité les causes et conséquences.

La Rivière Tumen est un beau film. Même si associé le terme « beau » à un drame peut surprendre. Il reste « beau » pour certaines de ses images, « beau » pour son sujet poignant et ses personnages qui se veulent touchants. Une œuvre à (re-)découvrir.

I.D.

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