Après s’être fait connaitre avec
sa trilogie dédiée à la ville (et à ses âmes errantes), le cinéaste indépendant
Jeon Kyu-hwan revenait à la réalisation avec le drame From Seoul to Varanasi (2011). Cet ancien agent d’acteur (de Sul Kyung-gu
et Cho Jae-hyun) signait son quatrième films autour de deux histoires
amoureuses qui nous entrainent dans les dédales de l’adultère.
Young-woo, éditeur de livre, marié,
entretient une relation extra-conjugale avec Su-yeon, une écrivain. Sa femme,
Ji-young ne tarde pas à faire la rencontre de Karim, un canadien musulman
d’origine libanaise qui quitte bientôt le pays. Cette dernière part alors à sa
recherche…
Sur une histoire des plus
simpliste, From Seoul to Varanasi tente
avant tout de surprendre par sa narration déstructurée (à la même manière de Babel ou bien encore The Passenger) tout en servant un
propos dit « réaliste ». On y voit des cultures différentes qui
s’entrechoquent. On y parle d’amour et de religion, d’adultère et d’attentat. Jeon
Kyu-hwan tente d’être ambitieux sans malheureusement y parvenir. Il ne parvient
à masquer un propos confus et finalement vain. On décèle avec difficulté les
véritables intentions de l’auteur qui livre un patchwork d’idées qui n’aboutissent
pas. Il ne parvient à étoffer la platitude de son histoire qui tente de
« choquer » par son pseudo-réalisme, cela à travers des scènes de
sexe crues. Lorsqu’il ne se perd dans la pose auteurisante dans tout ce qu’elle
a de plus pathétique parce qu’usée jusqu’à la moelle. Ce qui est dommage avec
une œuvre comme From Seoul to Varanasi, c’est qu’elle avait l’audace de
présenter les choses différemment en lui offrant un contexte géopolitique. Sur
la forme comme le fond, Jeon Kyu-hwan n’arrive jamais à emballer cet ensemble
fragmenté qui se montre en définitive sans véritable tension, souvent
caricatural mais surtout sans enjeu. Du coup, le style narratif morcelé qui
nous est projeté à l’écran fascine au début avant de tomber dans une banalité
quasi-totale. Qui plus est, ce procédé dessert le film en le rendant plus long
alors même qu’il ne dure qu’un peu plus d’une heure et demie. Pourtant,
l’auteur sonde admirablement ses personnages, bien qu’on puisse noter une
petite faiblesse dans le jeu des acteurs ne retranscrivant pas au mieux la
nature qui habite leur rôle respectif. On le sent investi lorsqu’il s’agit de
nous faire partager leurs errances attrait aux relations amoureuses. Sans ça, là
où Jeon Kyu-hwan peine également, c’est lorsqu’il tente de livrer un constat
sur le monde, les répercussions de nos actes ainsi que nos relations avec ce
qui nous est différent. Il s’en dégage alors un aspect artificiel peu
convainquant qui ne nous implique pas.
From Seoul to Varanasi de Jeon Kyu-hwan nous invite sur le terrain
des amours torturés en même temps que celui du terrorisme islamique. Il offre
un récit qui vacille et finalement un film bancal. On y dénote tout de même un
talent de mise en scène, si l’on veut bien oublier certains tics.
A noter que From Seoul to Varanasi fut présenté au Festival International du
Film de Busan et notamment à la 62ème Berlinade.
A noter également que Jeon
Kyu-hwan a été acteur dans Wild Animals
(1996) de Kim Ki-duk.
> Rediffusion
le dimanche 4 novembre à 16h40 / Salle 2
I.D.
6 commentaires:
ah oui c'est cru :-D
dommage j'étais enthousiaste
je vais quand même aller le voir - avec ma meuf - je crois
Hésite pas, y a un côté film porno/salle de cinoche érotique dans la première moitié du film. Ta copine appréciera. Pour le reste, il y a moyen qu'il enfante en toi la verve "kimbongparkienne".
Je confirme la déception d'ID... Oui c'est très cru, ça surprend !
dis donc en lisant les premiers retours, j'ai l'impression que la sexualité est très présente cette année
PS : pour vous deux, au passage, ils font bien chier les dispositifs de contrôles pour poster un commentaire, je suis obligé à chaque fois d'en faire passer trois ou quatre avant d'en déchiffrer un ; suis-je un robot ?
Tout est relatif. La section "Classiques" l'a comme toile de fond puisqu'en gros c'est quasi le thème de cette année. Après et à part "From Seoul to Varanasi"... je vois pas. Dans les comédies ? Les doc' ? Faut que j'en vois plus pour m'en faire une idée globale. Sinon va savoir, c'est peut-être bien les hormones des programmateurs qui leur jouent des tours.
PS : Bienvenu chez Blogger ! Et vu qu'on parle boutique sache que plus d'une fois over-blog m'a squeezé mes com' par le passé. Mais pour répondre à ton interrogation. Il me semble que non mais je ne pourrais l'affirmer. ;)
> j'ai l'impression que la sexualité est très présente cette année
Ça se dessine de plus en plus (la projo' "Ashamed" a renforcé ton constat).
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