mercredi 7 juillet 2010

Solanin : La peur du lendemain [Festival Paris Cinéma]

mercredi 7 juillet 2010

Adapté d’un manga éponyme d’Inio Asano, Solanin (2010) est un drame de Takahiro Miki lorgnant entre romance et mélo. Il met en scène Meiko et Tanada, un jeune couple qui vit ensemble dans un petit appartement de Tokyo. L’université loin derrière eux, ils font face au dur apprentissage de la vie active. Meiko ne se plait pas dans son travail et Tanada regrette de ne pas avoir fait carrière dans la musique, un rêve qui semble s’éloigner de plus en plus. Un jour, Meiko quitte son boulot et décide de profiter de la vie. Quant à Tanada, il réfléchit sérieusement à une possible carrière musicale avec son groupe de rock…

Solanin c’est la difficulté du passage à l’âge adulte. Et c’est d’autant bien fait qu’on ne peut que se projeter à travers ces personnages qui se rêvent « différents » mais que la réalité ramène inéluctablement à la raison. A croire que les rêves cessent une fois adulte et qu’ils deviennent alors des leurres appartenant à un passé. En attendant, il s’agit d’être réaliste et de commencer à gagner de quoi payer les factures. Payer les factures c’est s’employer dans une activité professionnelle qui n’a rien d’excitante, dans laquelle on ne s’épanouit pas - toujours -, c’est tirer un trait sur l’espoir et se laisser abattre par une fatalité qui vous fait rentrer dans les rangs. Glaçant. Ce cynisme flirte étrangement avec un quotidien auquel je pourrais aisément m’affilier (je devrais me pencher sur ce manga à l’occasion) et que de nombreux autres pourraient s’assimiler. C’est bizarre de se voir dans un miroir, c’est là que se trouve la force de certains films. Cette faculté de vous emporter, de vous immerger, de parvenir à vous toucher au-delà de toutes barrières (culture, langue, etc…).

Solanin fait cogiter (du moins en ce qui me concerne) livrant de moments plutôt agréables bien que la condition des protagonistes ne s’y prête pas forcément. Les personnages sont touchants, bien interprétés, la réalisation manque d’identité mais pourtant ça fonctionne. Enfin, jusqu’à un certain point. Le point de rupture. Celui que tout bon mélo a dans son programme. Et là, horreur ! Le film dure, dure et dure encore. Il s’engonce dans des longueurs étouffantes. Tout mélo a donc son point de rupture tragique et ce qui suit sont souvent des scènes lacrymales au possible, avec un rythme qui va en s’atténuant. Le tout est de bien orchestré tout cela et là… pas de chance, Takahiro Miki n’y parvient pas. Pour le lacrymal, il s’en sort mais après ce fameux point de rupture que rencontre nos protagonistes, on entre dans un film « molle », aux scènes mollassonnes que le réalisateur tente de doper par la musique. A ce moment là, s’en est terminé. Solanin n’emporte plus, n’immerge plus et peine à toucher. J’aurais aimé une autre troisième partie. Une autre fin.

Solanin vient à ennuyer sans doute due à sa longueur, des scènes superflues le parsèment (après la tragédie), la fin est un peu convenue, néanmoins il n’est pas à jeter. Solanin vaut pour le portrait de ces jeunes adultes et du regard qu’ils portent sur leur condition et de leur environnement. Le miroir d’une génération qui passe à l’âge adulte assurément.

I.D.

9 commentaires:

David Tredler a dit…

anastJe te trouve dur sur le dernier acte, tout n'est pas à jeter. Il appuie trop sur les sentiments, mais ne perd pas de vue son propos sur le difficile passage à l'âge adulte et sur l'accomplissement de soi. Mais bon on est globalement d'accord sur les qualités intrinsèques du film^^

Diana a dit…

Tu as raison tout n'est pas à jeter il y a quelques passages sympas. Mais globalement j'ai trouvé ça ennuyant et surtout inutile. Le cinéaste avait déjà fait le gros du boulot en offrant une première partie tout en finesse... Pourquoi la plomber par un final moins impactant...

David Tredler a dit…

Le final n'est pas moins impactant, c'est la manière dont il emballe le final qui est trop forcé, sinon en soi le final est réussi. Il enrichit le propos, il creuse le sillon du mal être et du sentiment d'évanescence et d'incertitude qui plombe notre époque.

Diana a dit…

Ce n’est pas tant la manière qui m’a déplu mais la teneur même de ce final. J’ai trouvé que la retranscription du mal être était bien plus fort à mi parcours où la solitude, la tourmente de l’abandon, la crainte du lendemain se faisaient plus intenses. J’ai été déçue de voir cette intensité faiblir alors qu’un sentiment très fort s’était dégagé en amont.

Après, je ne renie en rien les belles qualités de ce film qui a le mérite de s’attaquer de front à des préoccupations réelles et si actuelles.

Xavier a dit…

Pas UN SEUL mot sur Miyazaki Aoi? Ca sent la censure de la part de Diana, ça! ;)

Diana a dit…

Tout de suite ! C’est I.D qui a écrit l’article… Ok j’avoue, je me rends je lui ai interdit de parler du joli minois de la demoiselle :)

Anonyme a dit…

J'aimerais donner mon avis sur ce film étant donné que je trouve les livres "Solanin" très beaux, mais comment avez-vous fait pour voir ce film?

Xavier C. a dit…

Le film a été projeté dans le cadre du festival Paris Cinéma, en juillet dernierhe. Ce n'est pourtant pas faute d'en avoir parlé ici ou là.

I.D. a dit…

Xavier C. a tout dit. C'était bien lors du festival Paris Cinéma '10. Un des avantages de vivre en banlieue parisienne parmi tout les inconvénients qui existent.

Si cela te botte, le DVD est dispo' (entre autre) ici :

http://www.cdjapan.co.jp/detailview.html?KEY=TCED-844

En attendant une sortie française qui ne viendra sans doute jamais...

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