Réalisé par Patrick Tam Kar-Ming, ce deuxième épisode de la série Seven Women pour la TVB, Miu Kam-Fung (1976) met en scène l’actrice qui donne son nom à ce segment. Cette dernière se raconte face caméra comme étant actrice et femme au foyer. Très vite, la narration en off de Kam-Fung laisse place à la fiction qui nous la montre dans son quotidien mais aussi celle de son mari volage. Un mari à la personnalité singulière puisqu’il a une fâcheuse manie de lire à haute voix, d’écouter du Beethoven ainsi que L’Internationale, tout en rêvant de voiture de luxe.
Sur un scénario de Joyce Chan, cet épisode se veut comme un hommage au cinéaste français Jean-Luc Godard. Cet hommage se retrouve plus au niveau de l’esprit (dans la forme) que véritablement dans le fond. Avec Seven Women : Miu Kam-Fung, Patrick Tam met en place une structure dramatique qu’on pourrait rapprocher du mélodrame classique tel qu’on le connait. Quant à « l’esprit Godard », on le retrouve dans ces images et leurs compositions que Bill Wong Chung-Piu (futur grand chef opérateur au cinéma) travaille sous l’égide du réalisateur hongkongais. Patrick Tam nous offre, non sans un certain cynisme la vie ordinaire et matérialiste d’une femme au foyer et accessoirement actrice. Ce portrait au vitriol et quelque peu moqueur fustige ce foyer embourgeoisé dont le seul leitmotiv semble être le consumérisme. On peut dire de cette épisode qu’il est une critique sociale qui fait mouche.
Durant cinquante minutes, Patrick Tam nous offre avec Seven Women : Miu Kam-Fung un hommage d’un intérêt certain. Ce travail de télévision permet de voir les influences de l’auteur mais surtout d’inscrire ses motivations futures de metteur en scène de cinéma.
10 commentaires:
Parmi tous les CM de Patrick Tam présentés à Paris Cinéma, celui-ci suscitait un intérêt tout personnel : j'aimais beaucoup Miu Kam Fong, que j'ai découverte avec des séries télé. Quelle belle femme !
L'homme que je suis ne peut qu'acquiescer devant la beauté de Miu Kam-Fung. ;) Et bonne actrice de surcroit. Dans la jeune génération, on n'en fait plus des comme ça ! ^^
Sans ça, pour en revenir à cet épisode, tu n'aurais pas vu le meilleur travail de Tam pour la télé. Bien que cet épisode se défende sur certains points auxquels j'adhère.
Vu hier. Bon , un peu spécial. Intéressant. Et Miu Kam Fong est très belle donc :)
A mon avis, il est très, trop Godardien. Tam en réalisant son hommage au cinéaste français n'est pas parvenu à dépasser cette influence.
Ah bah ça Tam n'est pas hyper subtil avec ses citations/hommages, cf Love Massacre.
Malgré tout, ça reste mon préféré de ses travaux télé qu'on a vu.
On parle d'influence godardienne mal digérée, mais quand même, l'ouverture par exemple est vraiment très belle. C'est peut-être moi qui aime trop les voix off, mais on peut pas dire que c'est de la simple influence recrachée bêtement.
Surtout, cet épisode est extrêmement drôle. On a des personnages qui se pensent libérés et modernes (très nouvelle vague française en fait) mais qui sont surtout totalement névrosés. Y a quand même trois ou quatre scènes où, comme un cheveux sur la soupe, le mari raccroche le combiné du téléphone qui on ne sait pas pourquoi pendait à coté, c'est très mécanique. L'aspect absurde de la "libération par la consommation" est très bien pointé, l'apothéose c'est la scène où la femme, invitée chez des amis, passe la soirée au téléphone avec le vendeur de son lave-linge défectueux. Il y a aussi ce placement produit outrancier, j'ai rarement vu plus frontal (au début j'étais pas sûr que ça soit volontaire et signifiant, après tout on est à HK, mais mon intuition s'est confirmée devant l'autre épisode qui n'en montre pas un seul).
Bref, faut peut-être avoir le goût de la barbaque bien faisandée, mais cet épisode est très classe.
En parlant de téléphone, as-tu remarqué qu'ils étaient différents l'un de l'autre ? Si ce n'était la couleur, c'était le modèle. Bizarre. Mais il est vrai que ce "tic mécanique" de raccrocher à chaque fois participe à cette espèce de névrotisme qui contamine chaque personnage.
Quant à la scène de la soirée avec l'histoire du SAV, pas mal pensé. Franchement pas mal pour souligner l'état mental des personnages.
J'avoue que plus je prends du recul par rapport à cet épisode et plus je le revoie à la hausse. Assez incroyable cette liberté de ton pour un boulot qui plus est, destiné à la boîte à c**.
Interressant le com' à l'insecte, j'avoue ne pas du tout avoir pris l'épisode comme ça, faut dire que m'etant deja enquillé Love Massacre je le soupsonnais pas de veléités de commentaire social et encore moins d'ironie! (quoique voir le mari relou à lire à haute voix, ouvrir et refermer la porte de bagnole puisse aiguiller .. mais ça aurait pu tout aussi bien être un des travers typique de la nouvelle vague HK).
Ceci dit j'ai largement preferé son CID (mais c'est peut etre mon coté music-whore .. un coup de beethoven, un musique electro-lounge sur fond de spot lumineux, des travellings en exterieur près de volets jaunes ... j'en demande pas plus)
PS: j'ai enlevé mes chausettes pour me mettre à l'aise, j'espere ne pas vous avoir incommodé.
PS2: si qlq'un peut chopper la video d'andy lau et ses pingouins auprès de camille, je vous en serai reconnaissant
Cordialement,
Alex
Il y a pas mal de chose à creuser dans ses travaux télé comme ciné mine de rien. Lorsqu'on commence, il y a moyen d'en dégager pas mal de matière...
P'tite préférence également pour l'épisode de la série CID, le côté policier sans doute avec la musique qui va bien.
PS : Ça nous empêche pas d'avoir la même saveur en bouche.
PS2 : Ce ne sera pas pour tout de suite. On va attendre qu'elle rentre de son périple nippon. A noter dans un coin en tout cas. L'image d'Andy et ses pingouins me fait délirer par avance.
Salutations.
Illi' Dilli'
I.D. > J'avais remarqué le changement de couleur de téléphone, mais pas de modèle. C'est quand même un truc de maniaque.
Content que ça se bonifie avec le temps, tu verras, dans quelques années tu considéreras l'épisode 3 comme un chef-d'oeuvre lui aussi :D
Alex > T'as raison de douter, on sait jamais trop si c'est volontaire, jusqu'à un certain point en tout cas. L'overdose de Beethoven par exemple. C'est bien Beethoven, mais c'est un peu galvaudé, ça fait mec qui veut paraitre cultivé mais qui en vrai n'y connait pas grand chose <= ce mec est-ce P Tam ou son personnage ? Par contre pas de doute quand il écoute l’internationale (déjà croquignolet en soi de la part d'un consommateur réjouit) et que sa femme lui demande "c'est quoi ? c'est Beethoven ?"
PS, Andy Lau et ses pingouins (des manchots en fait) : http://youtu.be/NR1QHCsIz0s
epikt qui me refourge le lien d'un videoclip d'andy lau .. j'hesite entre etonnement et inquietude ^^
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