Figure de la scène cinématographique Hongkongaise, Ann Hui signe avec A Simple Life (2011), son dernier long métrage en date. Présent dans la compétition internationale du Festival Paris Cinéma 2012, A Simple Life a remporté le prix du Public ainsi que celui des étudiants. Avant d’assister à la projection, I.D. me disait déjà (sans l’avoir encore vu), “Il est de ces films que tu vas aimer”.
Ah Tao (Deannie Yip) est au service de la famille Leung depuis soixante ans. Aujourd'hui, elle vit seule avec Roger (Andi Lau), le dernier membre de la famille dans un appartement à Hong Kong. Malgré les années, elle a toujours à coeur de prendre soin de “son petit protégé”.
Ann Hui débute son long métrage par le portrait d’Ah Tao. La caméra la suit dans une journée qui lui semble habituelle, à la recherche de produits frais, parcourant patiemment les étales du marché pour satisfaire au mieux Roger. La scène de la chambre froide fait sourire et montre toute l’attention qu’elle lui porte. A travers cette introduction, on comprend l’attachement - dévouement d’Ah Tao pour Roger, au delà même de son rôle de domestique. Cet aspect est d’ailleurs occulté. L’affection évidente entre ces deux protagonistes nous plonge dans une relation d’ailleuïl à petit fils. Une relation qui semble de prime abord à sens unique. La communication se fait succincte et Roger n’est pas très bavard, semblant davantage préoccupé par sa vie professionnelle.
Leur quotidien prend fin lorsque la santé de Ah Tao se dégrade. Cette accident marquera un bouleversement dans leur vie respective. Les rôles vont alors s’inverser, non sans gêne et maladresse. Désormais dans une maison de repos, Roger sera aux petits soins pour Ah Tao, forçant même l’admiration des résidants. Ann Hui met admirablement en scène la difficulté du changement, et la capacité de ces personnages à s’adapter. On comprend ô combien la dépendance est compliqué à accepter pour Ah Tao. De l’autre côté, on sent un Roger tiraillé, entre le souhait de bien faire et celui de ne pas trop en montrer. La pudeur s’invite, animant les deux personnages qui tentent tant bien que mal d’endosser des responsabilités jusqu’alors méconnues, donnant lieu à des scènes bouleversantes.
La maison de repos se transforme en lieu de découverte où les pensionnaires, vieux ou malades, semblent inévitablement emprunter la route du délaissement. Ann Hui nous livre des plans qui font naître le malaise. Des images dérangeantes qui prennent le spectateur en otage dans un environnement oppressant, vétuste, sans âme, dont les bruits métalliques des chariots et des ventilateurs glacent. Ces images apparaîtraient alors comme la réalité que “nous” percevons. Notre regard, nos aprioris sur ces maisons de repos qui sont en fait, dans leur “réalité”, des lieux de renaissance. On le voit à travers d’Ah Tao, qui dans un premier temps fermée, prendra le temps de se libérer pour ensuite tisser des liens forts.
A Simple Life est une ode à la vie. Ann Hui parvient à traiter un sujet rare, mettant sur écran nos aprioris et la réalité de ceux qui la vivent. La solitude née de la vieillesse ou de la maladie deviennent pretexte à la recherche du plaisir. Celui de partager des moments enfantins (scènes où la folie candide semblent s’emparer des pensionnaires), privilégiés où les souffrances semblent enfin se dévoiler, celui de revivre la séduction comme jadis ou de perdre la notion de jugement. La cinéaste nous livre une oeuvre douce et émouvante, qui passionne.
Diana
4 commentaires:
Je l'ai raté au festival :(
Il n'y a plus qu'à espérer (très fort) que le film sorte sur nos écrans :)
seconde chance : le film sera programmé au prochain Festival du cinéma chinois de Paris !
Il n'y a plus qu'à attendre septembre !
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