dimanche 7 février 2010

Femme, Epouse et Putain : Le fruit défendu [Cycle Singapour, Malaisie]

dimanche 7 février 2010

Premier long-métrage de U-Wei Bin Haji Saari, Femme, Epouse et Putain / Perempuan, isteri dan jalang (1993) met en scène dans le rôle principal l’actrice Sofia Jane laquelle joue une femme fatale prêt à tout pour arriver à ses fins.

Amir doit épouser Zaleha qui s’enfuit pour la Thaïlande où elle se marie à autre homme. Amir la retrouve et assassine son mari. Il la confit alors à un proxénète. Il revient la chercher six mois après pour l’obliger à l’épouser et aller vivre dans son village, mais Zaleha n’est plus la villageoise docile qu’elle était…

Femme, Epouse et Putain s’ouvre sur des festivités, ceux d’un mariage qui va avoir lieu, le film d’U-Wei Bin Haji Saari s’ouvre surtout sur la déconvenue d’un homme dont la dulcinée fuit leur union pour convoler avec un autre. Zaleha ne le sait pas encore mais cette fuite en avant va sceller son destin, celui d’une femme malmenée mais qui gagnera en prestance pour assouvir sa vengeance sur la gente masculine. Zaleha est l’archétype de la femme soumise, maltraitée, rabaissée et insultée par un mari qui n’a toujours pas digéré l’affront qu’il a subit. En deçà, Zaleha resplendit, les hommes tombent sous son charme et elle en joue avec chacun d’entre eux par le biais de son pouvoir de séduction. Elle est une femme moderne qui apporte avec elle un style de vie qui tranche avec celle du village et qui ébranle le pouvoir des hommes.

Le cinéaste malaisien fustige avec Femme, Epouse et Putain la société patriarcale malaise. Il y dénonce le peu de place que la femme possède, qui est avant tout une femme au service de son mari et où le mélange homme-femme dans la vie de tous les jours est rare voire inexistant. En plaçant l’action du film dans un village reculé, U-Wei Bin Haji Saari s’attaque à des mentalités profondément ancrées. Il y injecte ainsi l’incarnation de la provocation que représentera l’actrice Sofia Jane qui dégage un érotisme envoûtant. Le cinéaste malaisien la filme avec sensualité. Il parvient à dégager sa beauté ainsi que son charme qui explose à l’écran. Zaleha connaît ses possibilités de séduction et se met en action pour créer une zizanie qui chamboule la vie de son nouveau mari Amir ainsi que celle du village. On peut voir ainsi les premiers soubresauts de la révolte féminine.

Femme, Epouse et Putain est un film socialement audacieux par et pour son personnage principal féminin qui se caractérise par sa force et son intelligence (sans oublier son pouvoir d’exorcisation qu’on ne divulguera pas ici). Mais aussi par la mise en avant du poids de la religion dans la société malaise qui dicte les comportements que les individus doivent avoir. Sans compter sur un titre des plus explicite qui soit. Pourtant, la fatalité n’est jamais bien loin et elle frappe avec dureté lorsqu’il s’agit de condamner la déviance. Si U-Wei Bin Haji Saari semble dénoncer certaines caractéristiques « néfastes » de la société malaise, il semble atténuer son propos par un juste retour des choses, par l’utilisation d’une sanction symbolique. Un acte final dramatique où l’amour, la folie et la trahison emportent un film qui s’avère prenant, important et incontournable.

I.D.

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